Refus de l’instruction en famille (IEF) : les familles sont désemparées mais déterminées et solidaires
Emotion ce jeudi après-midi au parc Rochegude… L’article 49 de la loi séparatisme n’a pas laissé de répit aux familles pratiquant l’IEF, qui ont passé leur été entre démarches administratives et relations avec avocat, assureur, tribunal… Avec à l’arrivée très peu de laisser-passer. Les familles sont à bout.
Une centaine de personnes était rassemblée ce 1er septembre, « jour de rentrée scolaire national» , pour manifester leur soutien aux familles ayant fait le choix d’instruire leurs enfants à la maison (IEF). Incompréhension, colère, tristesse, l’émotion était vive chez les parents et enfants qui ont témoigné, les voix tremblaient… Trois familles ont annoncé officiellement leur entrée en désobéissance civile.
De nombreux refus
Pour comprendre cette émotion, il faut savoir qu’elles ont été nombreuses à passer tout leur été à préparer des dossiers, justifier de leur projet d’éducation, appeler assurance ou avocat, attendre, avant d’essuyer majoritairement des refus. « Cela fait trois mois que notre projet familial est mis à l’épreuve, qu’il faut que nous justifiions de notre capacité à éduquer nos enfants, souligne un papa concerné. On ne fait de mal à personne, on se bat pour de la bienveillance. Comment peut-on justifier à Noé qu’il a le droit et pas son frère ? Si on n’a pas le choix, on partira… » Pour d’autres – trois familles dont une maman venue de la région toulousaine pour l’annoncer officiellement, leur choix est la désobéissance civile… La fille aînée de Jalil est en IEF mais la cadette s’est vu essuyer un refus. Jalil fulmine : « Nul n’est censé ignorer la loi, mais la loi doit être intelligible, nous refusons d’appliquer une loi que nous ne comprenons pas et que nul peut justifier. C’est pourquoi nous annonçons publiquement notre désobéissance civile. Nous instruirons notre 2e fille à la maison. »
Loterie judiciaire
Enfin, parmi les témoins de cet après-midi, on comptait aussi Hélène, qui a reçu une autorisation pour sa fille Augustine et sa petite sœur. « On a eu gain de cause à la loterie judiciaire », démarre-t-elle, reconnaissant ainsi que, si l’issue est heureuse cette fois, ce n’est probablement qu’un sursis sur l’application d’une loi bien injuste. « On n’est pas dupes, on va vers l’interdiction stricte de l’IEF, s’exclame une autre maman. Et nous n’aurons pas l’énergie de refaire ce parcours du combattant chaque année. Nous faisons le choix de renoncer à demander l’autorisation à éduquer notre fille comme nous le souhaitons. » Les témoignages de jeunes garçons est également très émouvant. « Les plus petits apprennent aux plus grands. Mon petit frère comme moi est hypersensible, pourquoi il n’aurait pas le droit de rester avec moi pour s’instruire ? » . Au pied de l’estrade de fortune depuis laquelle ils s’expriment, une pancarte : « avons-nous l’air de dangereux séparatistes ? »