Dans cette interview, vous allez apprendre à quoi servent un aquaphone ou un theremin, connaître la différence entre les métiers de scripte et de scénariste, et savoir quel bruit on peut imiter avec un balai, un céleri et un jouet pour chien… Prêts pour cette rencontre étonnante avec la rabastinoise Julie Cail ?
Ciné-concerts, initiation aux techniques de bruitage dans les écoles, conférence gesticulée, bruitage de documentaires sur les dinosaures, confection de sons pour les films de momies… À 36 ans, Julie Cail est une bruiteuse professionnelle fort occupée. Elle nous dit tout de son métier et de ses actualités !
Qui es-tu Julie ?
J’ai 36 ans et je suis ce que l’on appelle une « bruiteuse à la valise » c’est-à-dire que je conçois des bruitages non pas à l’aide du numérique mais avec mille et un objets, dans mon atelier à Rabastens. Les sociétés de production me font des commandes aussi précises que variées comme par exemple des bruits de fantômes, des bagarres ou même des mouvements de souris ! Je fabrique tout cela à l’aide de fruits, de légumes, de cartons, de vieilles chaussures, de café ou encore de gravier. Je me sers aussi d’instruments de musique assez spécifiques comme l’aquaphone, qui me sert à concevoir le bruit des baleines ou le theremin, soit une sorte de boîtier électronique parfait pour bruiter les extraterrestres. Ensuite, un ingénieur du son s’occupe d’enregistrer tout cela.
Comment es-tu devenue bruiteuse professionnelle ?
J’ai commencé par faire l’Ecole nationale supérieure d’audiovisuel (ENSAV) à Toulouse et mon diplôme en poche, j’ai débuté comme scripte. Ce métier est assez méconnu et souvent confondu avec scénariste. Contrairement à ce dernier, le script n’est pas là pour écrire le scénario mais pour s’assurer de la continuité du film. Son objectif est de s’assurer que le spectateur ne se rende jamais compte que certaines scènes ont été tournées dans le désordre, avec parfois plusieurs mois d’écart. Cela implique de parfaitement connaître le scénario et se rappeler que dans la scène précédente, le personnage marchait à vive allure, portait sa chemise ouverte, etc. Il faut aussi être particulièrement attentif aux détails du son et aux raccords sonores. C’est donc par cette porte là que j’ai commencé à faire du bruitage.
À part tes collaborations avec des sociétés de production, que fais-tu ?
Je fais également du bruitage lors de ciné-concerts, où je peux bruiter par exemple les péripéties sonores de Charlie Chaplin. Parfois, je peux même demander au public de bruiter en direct, ce sont des spectacles interactifs ! Je peux aussi être sollicitée dans le cadre d’expositions. L’année dernière, j’ai par exemple travaillé pour l’exposition « Géants » du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse. J’avais proposé une démonstration de bruitage de documentaire : avec l’aide d’un ingénieur du son, le public a pu découvrir comment bruiter un oiseau-terreur, une espèce de poulet-dinosaure géant, tout cela avec un balai, du céléri ou un jouet pour chien. Pour les plus petits, je faisais des bruitages dans le dos des bibliothécaires qui leur lisaient des histoires.
Depuis quelques années, je conçois également des spectacles pour raconter mon métier. Dans ces conférences gesticulées, je montre l’utilité de mon métier au cinéma, pour les dessins animés mais aussi dans des domaines auxquels on pense moins comme les reportages, la publicité ou même le journal TV !
Tu travailles aussi avec des groupes ou des scolaires ?
Oui, outre cette activité de médiation culturelle, j’anime également un orchestre de bruitage à Rabastens, le ZimBamBoum, avec des enfants de 4-7 ans et de 7-12 ans. Avant chaque vacances, nous organisons un spectacle de restitution (voir plus bas pour la prochaine date).
Je forme également des futurs professionnels de l’audiovisuel, comme les ingénieurs du son mais aussi des élèves du secondaire. En ce moment, je travaille par exemple avec une classe du lycée Bellevue, à Albi, dans le cadre d’un cours d’espagnol. Nous travaillons sur un film de vampires des années 1900 : les élèves doivent doubler les dialogues en espagnol et par ailleurs s’occuper du bruitage. C’est un bon moyen d’apprendre en s’amusant !
L’actualité de Julie
Les 11 et 12 février : l’orchestre de bruitage de Julie présentera son travail à la médiathèque de Rabastens
Du 25 au 28 février prochains : Julie anime un stage gratuit d’initiation au bruitage à destination des adolescents et des adultes. Les 25 participant.es seront invité.es à découvrir les techniques de bruitage à travers le film d’horreur des années 1900 « Belphégor, fantôme du Louvre ». Le groupe jouera bruitages et musique en direct pendant la projection du film lors de la soirée de restitution du 28 février à Couffouleux, en présence d’un pianiste. Spectacle gratuit, déconseillé aux – de 12 ans (peut effrayer les plus jeunes en raison d’atmosphères inquiétantes).
Inscription et informations supplémentaires par téléphone au : 06 75 92 57 90 ou par mail : lecriduson@gmail.com