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L’Accordéon coworking à Albi abrite plusieurs dessinateurs talentueux. Parmi eux, Gaëtan Azaazelus Sahsah, ex-pâtissier reconverti en illustrateur pour le monde de la musique.

Quand il arrive aux Beaux-arts d’Angoulême, Gaëtan est un jeune homme passionné par l’illustration, avide d’apprendre de nouvelles techniques. Malheureusement, le cursus ne se passe pas comme prévu : « L’enseignement était trop conceptuel, cela ne me convenait pas ». Avant d’obtenir son diplôme, il déserte et s’engage dans la pâtisserie, « un métier concret » souligne-t-il.

Au cœur de ce nouvel univers, Gaëtan, jusque-là plutôt dilettante, découvre la rigueur et le travail acharné. Un épisode en particulier le marquera à jamais. « Au cours de ma première année de pâtisserie, on m’a laissé seul un soir pour faire le ménage. Sans m’en rendre compte, j’ai sectionné un câble en refermant un pétrin et fait disjoncter toute la pièce. Le lendemain, toute la levée était fichue. Je me suis dit que ce n’était pas bien grave. Mais mon maître d’apprentissage ne l’entendait pas de cette oreille : il m’a fait comprendre qu’il fallait qu’on se débrouille pour réparer mon erreur et obtenir une nouvelle fournée dans les heures à venir. Ça été un déclic pour moi, je me suis dit qu’on ne pouvait pas toujours se trouver des excuses. Sans la discipline de la pâtisserie, je ne serais jamais devenu illustrateur », assure-t-il.

Des brioches aux pochettes d’albums

En 2019, Gaëtan part avec sa compagne en Nouvelle-Zélande. Sur place, il décide finalement d’arrêter la pâtisserie, « je voulais prendre du temps pour moi ». À l’époque, ils vivent dans un van et se font tous les deux un peu d’argent en travaillant en tant qu’ouvriers agricoles.

De temps à autre, Gaëtan continue de dessiner : « Le problème, c’est que je ne sais pas dessiner pour moi, je ne termine jamais rien ». Pour se contraindre davantage, il décide alors de s’inscrire sur une plateforme de dessinateurs freelance. « L’idée n’était pas de me faire de l’argent, je voulais simplement avoir suffisamment de pression pour finir un dessin ». Son emploi du temps est alors rempli : « Le matin, on se rendait aux champs et le soir en rentrant, je dessinais, parfois tard », raconte-t-il. Les semaines passant, Gaëtan se rend compte que son travail a du succès, il engrange de plus en plus de commandes. Quand il rentre en France, il décide alors de se lancer en tant qu’illustrateur professionnel. Un grand saut qui finira par payer.

Depuis son retour en France il y a quatre ans, Gaëtan propose ses services à des groupes de musique internationaux, des artistes indépendants, des bars, des maisons de disques et même un revue française trimestrielle politique, L’Hémicycle. « J’ai un style en particulier que je revendique : des traits bien définis et des couleurs vives. Je fais partie de ce qu’on appelle l’école de la ligne claire. Les gens qui viennent me voir recherchent justement cela » explique-t-il. Vivre de sa passion ? « J’en suis très heureux. D’ailleurs, je travaille beaucoup, je suis complètement investi dans cette activité », affirme-t-il. Et lors de son temps libre, Gaëtan n’hésite pas… à se remettre aux fourneaux.

Lou-Eve Popper