L’Accordéon coworking à Albi abrite plusieurs dessinateurs talentueux. Parmi eux, Alexandre Paul Samak, qui vient de publier sa première bande-dessinée, Quai Ouest.
Avoir une passion ne mène pas toujours au bonheur. Alex en sait quelque chose. Au lycée, il dessine en permanence. « J’ai toujours aimé inventer des histoires, c’était une manière pour moi de m’évader » raconte-t-il. Problème, Alex s’évade beaucoup, même en cours. Tellement souvent qu’il redouble sa seconde et n’obtient pas de meilleurs résultats en première. « À l’époque, il n’y a pas eu un seul professeur pour me dire qu’il fallait que je m’oriente vers une carrière artistique. On m’a juste conseillé de faire des études scientifiques, considérées comme la voie royale pour réussir » regrette-t-il.
Sa famille ne l’encourage pas non plus à devenir illustrateur professionnel : « Chez moi, être doué en dessin était valorisé mais il n’était pas question que j’en fasse un métier ». À la fin de son année de première, il est finalement exclu de son établissement et s’oriente vers un bac pro destiné aux futur.es dessinateurices et maquettistes. Un soulagement : « À ce moment-là, j’ai pu enfin côtoyer des personnes qui étaient aussi des artistes, avec lesquelles je pouvais progresser et pas seulement recevoir des compliments de mes camarades ». Pourtant, Alex ne peut s’empêcher de garder un goût amer de ses études secondaires : « J’ai perdu plusieurs années de ma vie et dû essuyer un échec scolaire pour me retrouver enfin là où j’avais ma place », souffle-t-il.
Humaniser les situations complexes
À la suite du bac pro, Alex poursuit ses études artistiques et s’inscrit en prépa écoles d’animation. Une année charnière où il construit des amitiés solides. Puis s’envole pour Montréal où il débute des études en cinéma. Là-bas, il fait une rencontre importante : celle d’Alexandre Vanasse, qui travaille alors comme info-graphiste pour le journal de la fac de Montréal, dans lequel Alex est lui-même illustrateur. « Il aimait bien mes dessins et il avait déjà scénarisé des bande-dessinées pour enfants » rapporte-t-il. L’idée de travailler ensemble germe alors dans l’esprit des deux hommes.
Revenu en France, Alex monte une agence de création avec ses ami.es de prépa. « On vendait à l’époque des illustrations destinées à la communication interne ou externe des entreprises. Par exemple, une fois j’ai dû illustrer à quoi servait les médicaments produits par une entreprise pharmaceutique. C’est plus humain en dessin, moins complexe aussi, ça parle à tout le monde », explique-t-il.
Raconter ses propres histoires
Puis, lassé de devoir dessiner sur commande, Alex choisit une autre tout voie, en allant travailler dans l’entreprise Au bout du champ, un réseau de magasins vendant des fruits et légumes locaux, basé en île de France. « Je voulais avoir un travail avec du sens, qui me laisse suffisamment de temps pour dessiner et raconter mes propres histoires, sans contrainte extérieure » se remémore-t-il. C’est à cette époque qu’Alexandre Vanasse le recontacte : il a dans l’idée, avec son cousin Mathieu Vanasse, de produire une bande-dessinée pour adultes et propose à Alex de l’illustrer. L’histoire ? Celle d’Antoine ex-taulard tombé pour trafic de drogue qui doit, à sa sortie de prison, rembourser une dette à un gang de motard. Quitte à retomber dans ses anciennes addictions…
Quatre ans plus tard, Alex a quitté Au bout du champ, s’est installé à Albi et a terminé la bande-dessinée, prénommée Quai Ouest. Cette dernière est sortie en octobre dernier au Québec, à la joie du coworking l’Accordéon, qui s’est fait un plaisir de le fêter en grandes pompes.
Ses projets à l’avenir ? Confectionner une collection de cartes Magic, ce jeu stratégique aux millions de fans et graal des dessinateurs. « 70 % des illustrateurs de fantasy passe par Magic, c’est le premier employeur d’illustrateurices à l’échelle mondiale » rappelle Alex. Mordu du jeu depuis des années, lui-même en a déjà illustré une cinquantaine, à retrouver prochainement sur le site Etsy.fr. Passionné.es, à vos souris !
Lou-Eve Popper