Ancien athlète, artiste-peintre et voyageur au grand cœur, Christophe Pons vit de cours de dessin et de la vente de ses œuvres. Mais ce n’est que pour mieux repartir vers de nouvelles expériences immersives… Article à retrouver dans Chouette#1
Il est intarissable sur ses voyages ! Comment deviner pourtant, en voyant cet homme, sans valise, que Christophe Pons a été athlète de haut niveau (800m), que cela lui a mis le pied à l’étrier du voyage, et qu’il n’a depuis eu de cesse de parcourir le monde, un bloc et un pinceau en poche.
A la rencontre des autres, sans filet. Car il n’imagine pas le voyage autrement. En immersion. Et en aidant les hôtes qui l’accueillent.
CLM : Comment êtes-vous passé d’athlète à peintre-voyageur ?
CP : Athlète de haut niveau, ça m’a permis de faire mes premiers voyages. Ensuite, j’ai continué avec l’association Saint Henri (Portet-sur-Garonne), ça m’a appris à voyager autrement. J’ai commencé à peindre en vadrouillant. Et peindre dans le Transsibérien, c’est quelques choses (rires) ! C’était en l’an 2000. J’y ai vécu des choses incroyables !
CLM : Vos voyages commencent bien avant de partir physiquement…
CP : Oui, je me renseigne beaucoup sur le pays avant de partir. Pour aller sur l’île indonésienne de Sulawesi, j’ai lu des livres d’ethnologue, et j’ai appris l’indonésien avec ma compagne, Karine Sancerry, artiste aussi (elle fait du monotype, un type d’impression sur verre). Pour soutenir l’achat de matériel à destination des gens qui nous accueillent, nous préparons et animons des campagnes de financement sur ulule.
CLM : Vos projets artistiques sont toujours liés à un projet de soutien aux populations locales. Comment choisissez vous vos destinations ?
CP : Ceux sont les projets qui me mènent dans tel ou tel pays. Je ne suis jamais parti en me disant “ C’est beau la Chine, je prends un billet et je file…” Je me greffe à des projets déjà existants comme le projet scientifique de l’expédition Sangha (en Centrafrique) ou je crée moi-même mes projets : J’essaie de réunir mes principaux centres d’intérêts : la valorisation de minorités ethniques et la protection de l’environnement (comme au Sulawesi)
Tous mes croquis sont faits sur place, pendant mes voyages, et non sur photo. C’est pour cela et pour pouvoir avoir le temps de la rencontre que mes voyages sont longs. Le temps de rencontre est lent, c’est le temps de la proximité, de la confiance…
CLM : Quand vous n’êtes pas en voyage, que faites-vous ?
CP : Je donne des cours de dessin et de peinture dans plusieurs associations à l’Association des amis des arts d’Albi et à l’Association des ateliers d’arts de Revel.
Je prépare les textes pour les carnets de croquis à paraître. Le prochain concerne mon voyage en Centrafrique. J’y suis parti en 2012 avec une expédition scientifique d’entomologistes, pour réaliser un inventaire de la biodiversité du parc national Dzanga-Ndoki. Mais aujourd’hui, je vis principalement de mes œuvres, dont certaines sont déjà vendues avant mon départ.
CLM : Ce n’est pas facile de faire de vraies rencontres à l’étranger. Quels conseils donneriez-vous aux gens qui souhaitent aller vers ce mode de voyage, immersif ?
De passer par le workaway ! Cela permet d’être logés par l’habitant en échange de quelques heures de bénévolat. Donc de voyager moins cher et complètement en immersion. Mais on peut aussi rester chez soi, et accueillir les workaway ! Des jeunes souvent, qui viennent de tous horizons…
Que font les enfants Bajau vivant sur les îles Togian ( centre nord de Sulawesi) ?
Levés vers 5h30, les enfants vont à l’école seulement le matin, en pirogue. Bien qu’elle soit obligatoire, nombres d’entre eux préfèrent apprendre à la place les métiers traditionnels : la construction de pirogue et la pêche. Dans l’éducation familiale des Bajau, le jeu et l’apprentissage sont confondus. Savoir nager, pêcher et naviguer, c’est avant tout apprendre à vivre en harmonie avec la mer. Dès l’âge de 6 ans, un enfant Bajau sait pêcher à la ligne des petits poissons, faire du feu, nager sous l’eau, plonger d’un ponton, naviguer avec une pirogue !