La Chronique de Julien N°9
Le lierre grimpant est victime, malgré lui, d’une bien mauvaise réputation : « plante envahissante », « bourreau des arbres », « plante parasite », « plantes destructrices des murs »… alors qu’il n’en est rien ! Bien au contraire.
Le lierre et l’arbre, comportement mutualiste
Le lierre, de nom latin Hedera Elix (à ne pas confondre avec le lierre terrestre qui n’est pas du tout de la même famille), est une liane arbustive d’origine tropicale. C’est une plante, qui a côtoyé les dinosaures, et qui a su s’adapter au fil des modifications climatiques. Elle a notamment acquis une grande capacité à résister à la chaleur et à la sécheresse. Et sa longévité peut atteindre plusieurs centaines d’années !
Ces capacités remarquables, le lierre les a développées grâce à ses relations avec les arbres. En effet, ces derniers sont utilisés par le lierre comme simple support pour hisser ses fleurs vers la lumière tout en gardant ses racines au frais, à l’ombre, dans un sol riche en humus (comme celui des sous-bois), sa nutrition étant assurée par son propre système racinaire souterrain. Il n’y a donc pas de parasitisme du lierre vis-à-vis de l’arbre support. En contre partie, le lierre régule la température de l’arbre au niveau des racines et du tronc, assure une lutte naturelle contre les parasites et offre de la nourriture à l’arbre par la décomposition de ses feuilles. Cette symbiose entre l’arbre et le lierre est appelée le mutualisme. Et ce n’est donc pas par hasard si le lierre symbolise la fidélité.
Cependant, il peut arriver que le lierre, par son poids, soit à l’origine de casse de branches ou de chute de l’arbre support mais cela est probablement lié à une faiblesse intrinsèque à l’arbre.
Il en est de même pour les murs sur lesquels s’accrochent le lierre. Si le mur présente des signes de fatigue comme que des fissures, le lierre aura tendance à écarter celles-ci par la force de développement de ses crampillons. Mais sur un mur sain, il n’y aucun risque de faire monter un lierre en limitant toutefois son développement au niveau de la toiture et des gouttières.
Le lierre, réserve de nourriture
Le lierre fleurit entre septembre et octobre, alors que pendant cette période, la plupart des plantes à fleurs sont sur le déclin. C’est donc une source importante de nectar et de pollen pour quantité d’insectes butineurs dont les abeilles qui font en début d’automne leur dernières réserves avant l’hiver.
Les inflorescences sont constituées de petites fleurs, disposées en forme de sphère, de couleur jaune-vert. Ces fleurs donnent naissance à des petites baies noires qui deviennent mature en fin d’hiver. Ces fruits sont toxiques pour les mammifères et en particulier pour l’homme mais sont une source de nourriture providentielle pour de nombreux oiseaux.
Le lierre, réserve de biodiversité
De plus, le lierre est un véritable hôtel à insectes naturel. Son feuillage persistant sert effectivement de refuge ou site d’hibernation à de nombreux insectes et animaux auxiliaires qui jouent un rôle important dans la destruction de parasites.
Les oiseaux utilisent également son feuillage comme abri pour nicher.
Des vertus reconnues en médecine
Plante autrefois utilisée par les druides dans plusieurs préparations médicales, ses vertus sont aujourd’hui reconnues par la médecine moderne dans le traitement des infections et inflammations des voies respiratoires et de bronchites chroniques.
L’infusion de feuilles de lierre est également utilisée pour soulager diverses douleurs liées aux névralgies, ulcères ou rhumatismes. Attention toutefois à respecter certains dosages aux risques d’effets secondaires pouvant être graves.
Du lierre jusque dans vos placards ménagers
Enfin, le lierre trouve également sa place dans les produits ménagers puisque certaines recettes de lessives naturelles utilisent des décoctions de feuilles de lierre car celles-ci contiennent un taux de saponine important.
L’avis de Julien
J’espère que cet article vous aura convaincu des bienfaits du lierre dans un jardin. Conservez donc ce lierre grimpant sur vos arbres ou sur vos murs. Ne taillez le lierre qu’après fructification au début de printemps. Et vous pourrez également l’utiliser aisément comme couvre-sol car il est peu exigeant et s’adapte à toutes les situations.
Cette chronique vous est proposée par Julien, jardinier-paysagiste